Colloque Biodiversité et pollutions plastiques : des impacts aux solutions
Les 11 et 12 janvier 2023, BiodivOc a organisé, en partenariat avec l’Observatoire océanologique de Banyuls et le Labex CeMEB, deux journées scientifiques réunissant chercheurs et acteurs socio-économiques à l’Observatoire de Banyuls autour des impacts des pollutions plastiques sur la biodiversité.
Vous pouvez voir ou revoir chacune des conférences ou télécharger les présentations.
Accueil / Introduction
Les mots d’accueil de Philippe AUGÉ, Président de l’Université de Montpellier, Dominique PATERON, Vice-président de Sorbonne Université, et Yves DESDEVISES, Directeur de l’Observatoire océanologique de Banyuls.
État des lieux de la plastisphère : connaissances et problématiques scientifiques
Le plastique dans tous ses états
Alexandra Ter Halle retrace le cycle du plastique depuis sa fabrication, jusqu’à sa dispersion en macro, micro et nano-plastiques dans l’environnement.
Alexandra TER HALLE : CNRS, Laboratoire des Interactions Moléculaires et Réactivité Chimique et Photochimique (IMRCP), Toulouse
Impacts directs sur les organismes et les écosystèmes
Introduction
Lorsqu’ils ne sont pas recyclés, les plastiques se dispersent dans tous les compartiments de l’environnement. Or seule une infime partie des plastiques produits au niveau mondial est recyclée.
Pour introduire la session « Impacts directs des plastiques sur les organismes et les écosystèmes », Camille Larue présente l’évaluation des risques environnementaux liés aux pollutions plastiques.
Camille LARUE : CNRS, laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement, Castanet Tolosan
Impacts sur les organismes ingénieurs
Les plastiques qui se dispersent dans l’environnement se retrouvent dans les sédiments et les sols dans différents états (macro, micro et nano). Franck Gilbert présente les effets encore mal connus de cette pollution sur les organismes ingénieurs des sols en milieux terrestre et aquatique et l’impact sur leur activité de bioturbation.
Franck GILBERT : CNRS, laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement, Castanet Tolosan
Impact combiné des plastiques et des parasites sur les oiseaux marins
Si certains effets du plastique sur la faune sauvage sont évidents et simples à mesurer, comme l’obstruction ou la perte de conditions corporelles, d’autres sont plus difficiles à évaluer (dérèglement endocriniens, immunité, modification du microbiote…). Karen Mc Coy présente le projet EcoDIS qui vise à évaluer les effets combinés du stress environnemental sur l’écologie des mouvements des oiseaux marins et la circulation des agents infectieux en Méditerranée.
Karen Mc COY : CNRS, Mivegec, Montpellier
Impacts sur la croissance et la reproduction des poissons
Les plastiques qui circulent dans les masses d’eau sont ingérés par les tous les organismes marins, du plus petit, comme le zooplancton, au plus gros comme les mammifères marins. Xavier Cousin présente les résultats obtenus dans le cadre des projets EPHEMARE et RESPONSE (JPI Oceans) qui visaient à étudier les effets de l’ingestion des nanoplastiques sur les organismes marins et leur transfert à différents niveaux trophiques dans la relation proies-prédateurs.
Xavier COUSIN : Ifremer, Marbec, Palavas
Devenir des microplastiques dans les sols
Si la prise de conscience de la pollution des sols par les microplastiques est tardive, les publications scientifiques sont nombreuses depuis 2022. Les microplastiques, apportés par de nombreuses sources (eau, air, intrants, …), pénètrent les sols en profondeur. Marie-France Dignac présente les impacts et le devenir des microplastiques dans les sols au travers des projets Plastisol et e-Dip.
Marie-France DIGNAC : INRAE, Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (IEES), Paris
Microplastiques atmosphériques
De nombreuses particules sont en suspension dans l’air, parmi lesquelles notamment des nano-plastiques issus de notre environnement direct (moquette, peintures, textiles…). Existe-t-il également un cycle atmosphérique de ces plastiques, à l’instar de celui des aérosols ? Des études préliminaires indiquent que l’atmosphère peut jouer un rôle important dans la dissémination de la pollution plastique à travers le monde, y compris dans des régions éloignées telles que l’Arctique. Jeroen Sonke présente cette dispersion atmosphérique à l’échelle mondiale (projet ATMO-PLASTIC).
Jeroen SONKE : CNRS, Géosciences Environnement Toulouse (GET)
Impacts indirects sur les organismes et les écosystèmes
Plastiques et transmissions de pathogènes vers les poissons et les humains
La présence massive de débris plastiques dans les océans constitue aujourd’hui une préoccupation écologique majeure. Une fois dans l’eau, les plastiques sont colonisés par des micro-organismes qui forment un microbiome spécifique aux plastiques où les bactéries pathogènes peuvent trouver une niche favorable à leur développement.
Élodie Fache présente le projet interdisciplinaire VECTOPLASTIC qui combine des approches in situ et ex situ dans un contexte “One Health” pour estimer la variabilité de l’abondance des bactéries potentiellement pathogènes pour l’homme associées au plastique et suivre leur transfert et leur persistance dans des espèces économiquement importantes qui sont consommées par l’homme.
Élodie FACHE : IRD, UMR SENS, Montpellier
Microplastiques, cargos pour les bactéries pathogènes en milieu marin
Les microplastiques constituent un substrat pour la formation de biofilms enrichis en pathogènes pour la faune sauvage marine et l’aquaculture, véritable porte d’entrée pour des bactéries pathogènes résistantes dans la chaine trophique, potentiellement jusqu’à l’humain.
Stéphanie Bedhomme et Méril Massot présentent le projet européen IMPTOX qui vise à comprendre les effets directs et indirects sur la santé humaine des micro- et des nanoplastiques (MNP) en lien avec les contaminants environnementaux.
Méril MASSOT & Stéphanie BEDHOMME : CNRS, Centre d’écologie fonctionnel et d’évolution (CEFE), Montpellier
Phénomènes d’emmêlement des espèces marines dans les macrodéchets
Les objets délibérément jetés, involontairement perdus ou transportés par les vents et les fleuves se retrouvent sur les plages et dans les mers. Ces déchets constituent des pièges pour la faune marine qui ne les différencie pas de proies potentielles et s’enchevêtrent dedans.
Après une présentation du phénomène d’emmêlement par Claude Miaud, Gaëlle Darmon présente les résultats du projet européen INDICIT, dont l’objectif principal est de développer un ensemble d’outils standardisés pour surveiller les impacts des déchets sur la faune marine en tant que bio-indicateurs.
Claude MIAUD : EPHE, Centre d’écologie fonctionnel et d’évolution (CEFE), Montpellier
Gaëlle DARMON : biologiste indépendante, coordinatrice du projet RiverSe pour l’association HISA (Human initiative to Save Animals).
Transition plastique : quelles solutions ?
Pollution plastique : une bombe à retardement ?
Pour introduire cette deuxième journée de colloque, la sénatrice Angèle PRÉVILLE présente le travail mené avec le député Philippe BOLOT dans le cadre du rapport « Pollution plastique : une bombe à retardement ? »
Quantifier, qualifier et suivre les pollutions plastiques
Quantification dans les bassins versants
Les montagnes constituent un milieu particulier, également impacté par les activités humaines, avec des enjeux spécifiques en termes d’espèces, de ressources ou encore économiques (notamment le tourisme). Les zones tampons de montagne (forêts, tourbières,…) retiennent les différents polluants qui se déposent au sol ou résultent de ces activités, parmi lesquels de nombreux plastiques. Mais quel est le devenir de ces plastiques dans le bassin versant ?
Gaël Le Roux présente le projet PLASTICØPYR dont l’objectif général est de réduire de manière durable l’accumulation de plastiques dans les écosystèmes de montagne et leur transport vers la mer.
Gaël LE ROUX : CNRS, laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement, Castanet Tolosan
Suivre et quantifier les plastiques dans les fleuves
Le monitoring des plastiques dans les fleuves est particulièrement difficile à réaliser en raison de la grande variabilité des valeurs obtenues selon les différentes méthodes utilisées pour les quantifier. Wolfgang Ludwig présente le défi que représente la quantification fiable du transport des plastiques par les fleuves.
Wolfgang LUDWIG : Université de Perpignan (UPVD), Centre de formation et de recherche sur les environnements méditerranéens (CEFREM), Perpignan
Les moules comme bio-indicateurs
Les plastiques présents dans l’environnement sont ingérés par les organismes. Ces derniers constituent alors des bio-indicateurs qui permettent de quantifier les microplastiques dans le milieu et peuvent pallier les difficultés rencontrées avec d’autres méthodes de quantification.
Franck LARTAUD : Sorbonne Université, Laboratoire d’Ecogéochimie des Environnements Benthiques (LECOB), Banyuls-sur-Mer
Quelles réponses et quelles solutions ?
Plastiques biodégradables : mythe ou réalité ?
Les plastiques présents dans l’environnement sont colonisés par des micro-organismes formant un biofilm aidant à leur fragmentation. Les observations en laboratoire semblent monter que certaines bactéries se nourrissent des plastiques et sont capables de biodégradation. S’agit-il vraiment de biodégradation ? Des normes sont-elles mises en places pour définir la réelle « biodégradabilité » d’un plastique ?
Jean-François GHIGLIONE : CNRS, Laboratoire d’Océanographie Microbienne (LOMIC), Banyuls-sur-Mer
Les sciences citoyennes
Les citoyens peuvent aider à la collecte de données pour la recherche fondamentale via des projets de recherche participative. Le projet PlastiZen, présenté par Camille Larue et Arthur Compin, est un projet de science citoyenne qui met à contribution des volontaires pour étudier le devenir des plastiques biodégradables dans le sol en prenant en compte différents facteurs écologiques (température, humidité, pH).
Camille LARUE & Arthur COMPIN : CNRS, laboratoire d’écologie fonctionnelle et environnement, Toulouse
Politiques publiques, économie circulaire, recyclage… Comment changer la donne ?
Table ronde animée par Vincent TARDIEU, journaliste scientifique spécialisé en écologie et agriculture
Loïc PEYEN, Maître de conférences en droit public, Université Toulouse 1 Capitole
Christophe MANAS, Conseiller régional, Région Occitanie
Jean-Michel SOLÉ, Maire de Banyuls-sur-Mer
Anne-Leïla MEISTERTZHEIM, Docteure en biologie marine, Présidente de Plastic@Sea
Isabelle DEPORTES, ADEME – Direction Economie Circulaire